Brève 3. Les nouvelles technologies peuvent-elles aider à évaluer les élèves ?

L’ACTUALITE

La question de l’évaluation reste un sujet d’actualité et de discussions fortes au sein du monde éducatif. Alors que vient d’avoir lieu le colloque de l’ADMEE à Liège (28 au 30 janvier 2015)  sur le thème de « l’Evaluation à la lumière des contextes et des disciplines », ce thème suscite débats et interrogations parmi les chercheurs, enseignants, politiques et autres.

Ainsi, nous assistons pratiquement tous les mois à au moins un événement scientifique (colloque généralement) sur la question de l’évaluation. A titre d’exemple sur la fin d’année 2014 :

–       Le colloque « L’évaluation des apprentissages : articulations entre recherches en psychologie cognitive et pratiques enseignantes ». Université de Rouen, 28-30 novembre 2014.

–       La conférence « L’évaluation des apprentissages : défis et opportunités ». Université Paris-Est Marne-la-Vallée, 24 novembre 2014.

Le gouvernement a de son côté mis en place, dans le cadre de sa politique de refonte de l’école, une conférence nationale sur l’évaluation des élèves qui a eu lieu en septembre 2014 et dont les travaux sont toujours en cours.

Alors, qu’en est-il aujourd’hui de la question du fond, à savoir la place et les modalités d’évaluation à l’école ?

LA RECHERCHE

La notion d’élève « fort » et d’élève « faible » :

Avant tout, il convient de faire un détour par la distinction d’évaluation des élèves selon le critère de « faible » ou de « fort ».

Roegiers (2010), à la suite de Perrenoud (1998), dresse le constat suivant : la notion d’élève fort ou d’élève faible dépend essentiellement des bases sur lesquelles on évalue les performances : « la notion de réussite est polysémique, dans de nombreuses situations concrètes, la définition de la réussite ou de la vraie réussite est un enjeu très important et les acteurs en présence s’affrontent sur le sens et la réalité de la réussite ou de l’échec » (Perrenoud, 1998, p.36).

Il existe par exemple une différenciation culturelle de ce qu’est un élève « fort » : il peut être « fort » scolairement et être « faible » du point de vue des compétences, et inversement (Roegiers, 2010, p.155). Autrement dit, être compétent, c’est le fait de savoir transférer ses compétences selon les codes et normes de la docimologie fixée par l’institution scolaire et ses acteurs.

Concernant l’évaluation à l’école, on trouve également différents modèles culturels :

ñ Des pays qui accordent l’autonomie aux établissements en termes de curricula et fixent le cadre de l’évaluation.ñ Des pays qui définissent l’évaluation comme moyen pour faire réussir les élèves ou comme méthode permettant leur sélection.ñ Des pays où les formes de l’évaluation utilisent une échelle de performance plus réduite.

Dans la plupart des pays occidentaux (Europe et Québec) la notation intervient tardivement, ne passe pas forcément par un « chiffrage » précis, se fait plus souvent sur une échelle plus réduite que l’échelle française de 0 à 20 (par exemple, 4, 6 ou 7 niveaux).

LE TERRAIN

Comment évaluer sans noter les élèves à l’aide des nouvelles technologies ?

Quelques centaines d’équipes de collège ou de lycées pratiquent déjà l’évaluation par compétences en l’utilisant avec des élèves appartenant à des classes dites « sans notes ».

C’est le cas, par exemple, du Collège Jean-Rostand à Saint-Chamond, du Collège Aigremont à Roulans ou encore du Lycée Hippolyte Fontaine à Dijon.

La réalisation de ce type d’évaluation repose sur la conception de grilles des compétences à acquérir qui sont déclinées pour chaque séquence.

Différentes solutions techniques sont donc proposées afin de simplifier et automatiser le processus de remplissage de la grille des compétences.

SACoche (Suivi d’Acquisition de Compétences), par exemple, est un logiciel gratuit et libre (sous licence GPL3) qui permet l’évaluation des élèves par compétences, l’accès à un historique de leur parcours, la présentation de l’état d’acquisition de chaque compétence et la collecte des données (compétences) en vue d’une validation du socle commun.

Novae (Organisation de la Validation des Acquis des Elèves) est quant à lui un logiciel permettant à la fois la gestion des notes et/ou des compétences des élèves.

On observe ainsi que les nouvelles technologies, bien que peu utilisées, offrent d’ores et déjà des possibilités alternatives d’évaluation des élèves. Ces nouveaux outils permettront encore une fois d’alimenter la réflexion sur ce point sensible dans le milieu éducatif.

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